Gabès : Des députés réclament des solutions, la ministre répond
Le rapport conjoint des commissions de l’Industrie et des secteurs productifs, présenté lors de la séance plénière consacrée au budget 2026 du ministère de l’Industrie, a mis en lumière une préoccupation majeure et d'importance nationale : la situation environnementale alarmante à Gabès. Les discussions parlementaires ont été largement dominées par la gravité de cette crise, soulignant les enjeux cruciaux pour la santé publique, l'écosystème local et l'avenir économique de la région. Au cœur de cette problématique se trouvent le Groupe chimique de Gabès et la persistance du déversement de phosphogypse en mer, dont les répercussions sont désormais largement documentées et dénoncées.
Les députés ont unanimement alerté sur la situation critique du Groupe chimique, pointant du doigt les conséquences sanitaires et environnementales désastreuses de ces pratiques : une pollution généralisée, une augmentation inquiétante des cas de cancer, ainsi qu'une détérioration significative des oasis, des activités agricoles et de la pêche locale. Face à ce constat accablant, ils ont fermement appelé à l'adoption de solutions durables, à la reddition des comptes des parties responsables et au respect inconditionnel du droit des habitants de Gabès à un environnement sain. Certains élus ont même préconisé de faire du démantèlement des unités vétustes et de la réhabilitation complète du complexe chimique une priorité nationale, tout en déplorant le manque de coordination avec les représentants de la région.
Dans une perspective plus économique, le député Abdelhalim Bousma a proposé une approche pragmatique pour les entreprises industrielles publiques, telles que la CPG et le Groupe chimique tunisien. Il a plaidé pour un traitement au cas par cas de ces entités et pour leur ouverture à des partenariats public-privé (PPP). L'objectif sous-jacent de cette démarche est de réduire la charge financière significative que ces entreprises représentent actuellement pour l'État, tout en cherchant potentiellement à moderniser leurs opérations et à les rendre plus conformes aux normes environnementales.
En réponse à ces préoccupations, la ministre de l’Industrie a réaffirmé que le dossier de Gabès constitue une priorité absolue pour le gouvernement. Elle s’est montrée réservée quant à la poursuite du déversement de phosphogypse, insistant sur la nécessité d’une approche scientifique rigoureuse pour la valorisation de cette matière. La ministre a également précisé que toute décision concernant une éventuelle fermeture ou un transfert des installations serait évaluée de manière exhaustive sur les plans technique, social et environnemental. Elle a assuré que l’État reste attaché à la préservation des entreprises publiques et des emplois, rappelant enfin que le Président de la République suit ce dossier de près et que des programmes urgents, ainsi que des plans à moyen et long terme, sont en cours d'élaboration pour améliorer la production et renforcer le respect des normes environnementales.